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Art thérapie

  • emmaiannaccone
  • 13 janv. 2016
  • 4 min de lecture

L'art-thérapie est un moyen d'exprimer et de retranscrire sa vie intérieure par l'art, que ce soit avec les dessins, la peinture ou encore la sculpture. Dans cette thérapie, la beauté de l'œuvre ne compte pas, le but étant simplement de s'exprimer sans avoir à poser de mots concrets dessus. L'art-thérapie permet également de solliciter l'imagination du patient schizophrène et même les patients atteints d'autres troubles psychologiques. Lorsque l'on regarde les œuvres de schizophrènes, on comprend tout de suite ce que la maladie peut provoquer.

L'art-thérapie ne peut apporter une guérison définitive à la maladie, mais elle peut l'atténuer, en calmant certains symptômes physiques, émotionnels ou spirituels.

Une séance d'art-thérapie peut se dérouler en groupe ou bien individuellement, telle une sorte d'atelier d'art, un endroit plutôt convivial qui fait oublier au patient le côté thérapeutique de son activité. Avant de commencer le travail de création, le thérapeute définie les motifs et les objectifs qui amènent le malade à suivre une thérapie, afin de mieux l'aider et le guider. Enfin, il lui donne quelques conseils d'ordre technique et l'encourage à exprimer ce qu'il ressent en dessinant.

Le point important de cette thérapie est l'expression artistique. Au départ, le patient pourrait peindre sa douleur et au fil des dessins, il pourrait dessiner une solution à ses angoisses.

Au début, cela peut paraître difficile, mais peu à peu, guidé par le thérapeute, le patient en vient à s’exprimer plus librement au fur et à mesure des exercices. Grâce à l'art, le patient peut parvenir à exercer plusieurs changements dans sa vie, lui permettant ainsi d'avancer malgré la maladie.

L'un des aspects les plus intéressants de l'art-thérapie est que, contrairement aux paroles, les images restent éternelles. Le rôle du thérapeute est de soutenir le patient dans sa transformation et de l'accompagner d'un dessin à l'autre, afin qu'il arrive à une plus grande clarté sur lui-même et sur sa vie.

Voici l'exemple d'un patient qui a suivi une thérapie d'art, et qui lui a permis de vivre en paix avec sa maladie.

Lionel, « l’enfant bleu » :

Henry Bauchau, un psychanalyste belge, a publié « L’enfant bleu » en 2004, dans lequel il raconte l'histoire de Lionel (nommé Orion dans le livre), qui fut un de ses patients schizophrènes.

Il le rencontre en 1976, à l'âge de 15 ans, et découvre en lui un talent artistique qui pourrait l'aider à mieux vivre malgré sa maladie, en s'exprimant avec le dessin. De plus, lors de sa psychothérapie, Lionel commence à dicter à Bauchau des textes dans lesquels il pose des mots sur ce qu'il ressent, ses peurs et angoisses, ses envies, ses espoirs et ses fantasmes. C'est donc dans son livre que Bauchau raconte le parcours de Lionel, et son ouverture à l'art.

Une exposition nommée « L'enfant bleu d'Henry Bauchau » a été créée afin de présenter son parcours artistique, en partant de ses premières œuvres jusqu'à ses dernières. Elle se compose de cinq parties, cinq thèmes différents, qui sont les suivants : le Minotaure, les labyrinthes, les îles imaginaires, les monstres et enfin le cosmos. À certaines de ses œuvres ont été ajoutés des textes de Lionel, ainsi que des descriptions de dessin pour accompagner et commenter les tableaux. Par exemple, voici un des textes que l'on peut trouver dans cette exposition qui témoigne des bienfaits de l'art thérapie sur le patient.

"Notre projet", transcription manuscrite par Henry Bauchau, écrit le mercredi 17 mai 1978.

« Nous restons ensemble pour étudier, mais aussi un peu pour faire le docteur, le docteur psychologue. Ça sert à me rendre plus calme. Souvent je suis calme, mais souvent je suis nerveux, quand le démon m'attaque. Je pense que tu travailles pour moi, pour que je devienne plus intelligent et plus heureux. J'ai envie d'être plus heureux, et toi ?

À Paris on est jamais tout seul, ou bien on est tout seul du côté passé, sans les personnes qu'on voudrait ou avec les personnes qu'on voudrait mais avec d'autres gens en plus.

L'année prochaine, je voudrais travailler encore avec toi parce que je te connais et qu'avec toi je n'ai pas de grosse crise. Si je parle d'une jeune fille comme Pascale, tu trouves que c'est bien. Tu t'intéresses beaucoup à mes dessins et ça m'encourage à en faire. J'ai le sentiment de faire des progrès. Mes parents, je crois bien, pensent cela aussi. Un professeur comme toi, ça sert à enlever un peu le démon de la tête. Alors peut être aussi penser aux belles filles. Pascale était... »

« Le démon dictateur » est un de ses dessins les plus révélateurs :

Le rouge est omniprésent dans l'œuvre, il connote l'enfer, l'énervement, l'angoisse. On voit un personnage diabolique avec des cornes et une queue en serpent : tout ce qu'il y'a de plus terrifiant.

La présence massive d'yeux traduit une sensation d'être observé et scruté sans cesse. Les yeux verts du démon donnent un côté surnaturel à l'œuvre. Ses dents sont longues et pointues, ce qui provoque une peur de se piquer, le pointu est angoissant. Enfin, les pieds et les bras prennent la forme d'insectes : cela ajoute au dessin une sensation de dégout, de saleté.

Le visage d'un être sur le ventre du démon suggère une perversité, avec le dessin d'un sexe entre ses deux jambes. Tous ses détails rassemblent le mal et l'enfer.

Rempli d'êtres et de symboles terrifiants qui s'accumulent sur le corps d'un démon, ce dessin est un cauchemar vivant qui perturberait n'importe quel esprit.

Lionel a dessiné « son démon », qui l'empêche de vivre normalement. Il a réussi à le reproduire et à le sortir de sa tête. Se libérer de son angoisse ne peut être que bénéfique à un schizophrène.

Un tel dessin ne peut être réalisé par une personne avec un esprit saint. Les pensées noires de Lionel prennent le dessus et lui permettent de réaliser des chefs-d'œuvre.

Dans « Notre projet », dicté par Lionel mais écrit par Bauchau, il parle de progrès et on sent l'admiration qu'il a pour son psychiatre. L'art thérapie peut, dans certains cas, apprendre au patient à vivre, paisiblement et dans de bons contextes, avec sa maladie. Pour Lionel, elle a été plus que bénéfique : à travers l'art il s'est découvert et a réussi à aller mieux.


 
 
 

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